Compte-rendu 2022

Première de l’ère des UTMB® World Series, l’édition 2022 a connu une fréquentation jamais atteinte : 1703 coureurs inscrits plus environ 150 marcheurs, on peut dire que Corte a connu une semaine marquée du sceau du Trail. Le caractère international de l’évènement s’affirme avec près de 200 concurrents étrangers représentant 35 nationalités.

Après les journées consacrées à l’habillage du cours avec arche et banderoles, l’installation du village d’arrivée, la répartition des bénévoles, la préparation des portages vers les ravitaillements, des structures de soins, des dotations pour les coureurs, la distribution des dossards, est venu le temps de la course.

Une animation endiablée avec la Batucada Samb‘ava di Corti a donné le tempo et c’est dans une ambiance de feu que se sont élancés les coureurs de l’Ultra-Trail di Corsica, solo et relais, pour 110km et 7200 m de dénivelé positifs.

Ultra-Trail di Corsica : 110km pour couronner Beñat Marmissolle et Delphine Avenier

Plutôt que de commenter la course, laissons le stylo à Patrick Guerinet dans Esprit Trail et contentons-nous de proposer les 2 podiums, dont un bricolé pour accueillir les ex-aequo.

Parlons de la course des filles où Delphine Avenier prend les commandes d’entrée devant la canadienne Claire Heslop. Il en va ainsi jusqu’à Pinadello où les 2 coureuses de tête séparées de 6 minutes, devancent Pauline Gaidat, Aurore Vallar et la néerlandaise Anouk Baars. Que se passe-t’il alors, est-ce dans la remontée en crête ou dans la descente vers le lac de Calacuccia, toujours est-il que Claire Heslop cède beaucoup de terrain avant d’abandonner à Calacuccia. Dans le secteur particulièrement difficile de Bocca Crucette, Pauline Gaidat, qui était à 8 minutes, refait progressivement son retard et rattrape Delphine vers Bocca Foggiale pour être en tête de 4 minutes à Vergio. Derrière le trou est béant : plus de 2 heures. Pauline as-t’elle trop puisé dans ses réserves, en tous cas, arrivé à Ninu, Delphine a repris les commandes de 9 minutes avant de porter l’estocade dans le juge de paix de Bocca Alle Porte : près de 1h d’avance à Bocca Soglia qui auront plus que doublé sur la ligne d’arrivée.

Le relais, c’est le pied !

Formule récente qui avait enchanté les rares participants en 2021, formule gagnante puisque 25 relais étaient au départ ce qui représente 100 coureurs.

Formule vécue différemment selon les concurrents : place à la participation et à la cohésion, c’est le choix des 8 relais de Lucciana Atletismu qui ont tous progressé au même rythme pour arriver à chaque point ensemble et finir à Corte ensemble. Ils ont rapporté cette magnifique photo (en début d’article) de l’arche de Scandulaghju que nous avions éclairée pour le passage des Ultratrailers qui, de nuit, ne la voient jamais.

Place aussi à la compétition : on les avait annoncé favoris, ils ont répondus présents les 4 relayeurs de la Suarellaise/GFCA, en tête du début à la fin et, sans la performance chronométrique de taille de Beñat Marmissolle, c’est un relais qui serait arrivé le premier à Corte. Mais ne croyez pas pour autant que les autres faisaient de la promenade, et, au gré des relais, les classements évoluaient sans cesse avec des écarts longtemps serrés où l’on voyait tantôt l’AS Figarella, tantôt les Spenghjifochi d’Isula Rossi ou de Corti, les Ratz ou les miraculés de Sartène, la 4ème Compagnie, les 4D-Cats, le Team EDF-CMCAS, la Casinca, les trailers de l‘Extrême Sud ou l’EPS de Corte, le Team Destas (le seul relais continental), les balanins, I vecchji gladiatori ou les jeunes ajacciens I Triponi, se mettre en évidence. On avait là un condensé de toutes les régions de la Corse !

Au final, la Suarellaise/GFCA l’emporte en 16h4’39” devant les Ratz et l’AS Figarella.

Viens faire un Giru di Tumbone avec moi !

Si la proposition vous est faite par Bruno MAZZUCCHELLI, cela n’a rien de romantique, et, si la vue de Corte sur fond de Monte Cardu ou de Rotondu est splendide, vous n’en profiterez pas, tout du moins, si vous arrivez à le suivre ! Aux premières loges dès le départ, en tête au PC de Tralonca, en tête à l’arrivée. Trajectoire similaire pour le 2ème, Espoir de Lugo di Nazza, Flaviu FILIDORI et le 3ème, un Moldave, Alexei CAMENSCIC. Le 4ème Nathan GRATON est aussi en catégorie Espoir, tandis que les Juniors sont juste derrière avec un Belge Mathis LANGE, un Savoyard Clément DEMICHELIS et un Suisse certainement Corse, Lenzo BATTAGLINI. Et oui, même la 17km s’internationalise !

Chez les filles, la lutte est serrée, puisqu’à mi-course, il n’y a que 4 secondes entre les 2 prétendantes à la victoire et c’est dans la descente que Victoire ALZON, la bien nommée, se détache et l’emporte pour la cause de Matthieu CRAFF. Victoire bretonne devant Alexia COUDRAY, la tenante 2021 du Challenge des Trails de Provence (trails courts) et devant Estelle VIGHETTI.

On ne peut pas écrire sur Giru di Tumbone, sans évoquer notre vétéran du Bozziu, François ADOBATI, 82 ans à l’automne, qui maintient son rythme d’une année à l’autre. L’homme a de la ressource, finit sur les talons de l’Andorrane Mariona BARCONS, 22ans et précède Lelia VILLA 18 ans, la benjamine, le tout à 6km/h de moyenne. Essayez, avec le dénivelé et la chaleur, et vous apprécierez la performance !

Tavignanu Trail : le retour d’Anthony Quilici, les sœurs Bonnel dans les pas de leur père

Depuis la pandémie, on ne le voyait plus courir. Il signe là un retour fracassant, Anthony QUILICI s’empare des commandes quasiment dès les premières foulées, vire en tête aux Padule avec 4 minutes d’avance sur Sébastien GIAMBERNARDI en forte progression. A Boniacce, il en aura 6 minutes tout comme à Alzu et doublera son avantage lors du retour vers Corte. Josselin ABERLENC améliore son temps de presque 2 minutes par rapport à 2021 et obtient la même marche du podium. Guillaume COURIAS qui était sur la plus haute marche en 2021 se contente de la 3ème place, juste devant Vincent VIET.

On s’attendait à une rude bataille chez les filles, on y a eu droit ! Une aveyronnaise en la personne de Virginie Caillaud en tête jusqu’au PC2, une savoyarde avec Léna Bonnel qui prend la suite et finit première, 5 secondes devant sa sœur Candice et 10 secondes devant Virginie Caillaud ! Difficile de faire plus serré ! Et 6 minutes plus tard, Marjorie Thomas règle, pour la suprématie Corse, Emmanuelle Moracchini au sprint alors qu’elles étaient au coude à coude au passage à la citadelle.

Restonica Trail : la performance au rendez-vous

5h, les frontales sont vérifiées, la température est idéale pour la course, les braves se mettent en route et le long cordon lumineux s’étire dans la première difficulté du jour avec ses 1400m de dénivelé en guise de mise en jambes.

Tout de suite, avec l’affinité des équipiers, se détachent Yohan Viani et Nicolas Gourdon, Gautier Airiau et Rémi Berchet accompagnés de Elie Besson-Pithon ou Guillame Peretti. Au fil des kilomètres, tantôt l’un, tantôt l’autre, prend l’avantage, sans faire de différence notable.

Les équipes ne sont plus constituées, on profite du terrain roulant, on se prépare pour le brutal qui arrive, qui est là !

Après les plaines du lac de Ninu, il va falloir monter à Bocca Alle Porte!

Les écarts se creusent, 4 hommes restent devant : Elie Besson-Pithon, Yohan Viani, Gautier Airiau et Nicolas Gourdon, ils ne prennent guère le temps de savourer le point de vue.

La descente très technique vers E Grotelle profite à Gautier Airiau qui prend les commandes devant Yohan Viani : sur 30 minutes de course, il prend de 2 à 5 minutes sur ses poursuivants immédiats. D’autres comme Jacques Moretti ou Louis Vannucci en profitent pour se rapprocher.

La remontée vers le plateau d’Alzu voit l’abandon sur blessure d’Elie Pithon-Besson, le recul de Guillaume Peretti pour obtenir le podium suivant :

– Gautier AIRIAU
– Yohan VIANI
– Nicolas GOURDON

Gautier AIRIAU boucle les 69 km en 8h14’25” soit quelques secondes de plus que Lambert Santelli en 2015 (8h14’03”) qui détient la meilleure marque sur ce parcours car n’oublions pas que les 8h00’33” de Dawa Sherpa ont été réalisés sur un parcours différent qui ne passait pas à Bocca Soglià (à l’époque, on descendait directement par la brèche du Capitellu).

Chez les filles Ida-Sophie HEGEMANN à longtemps couru en tête, mais le passage de Bocca Alle Porte lui a été fatal et elle a abandonné aux Grotelle. Julie Marini qui était en embuscade rafle la mise, elle progresse de 45 minutes par rapport à l’année dernière et emporte là une victoire significative devant la hongroise Ildiko Wermescher, couronnée dernièrement à Andorre. Christine Diruit complète le podium.